Si je pouvais changer le monde...
Qui ne s'est jamais posé cette question ? Qui n'a jamais cherché pendant des heures un aspect plus important qu'un autre à corriger ?
Je ne sais pas moi, il y a tellement de choses erronées ici bas.

Je ne sais pas moi, il y a tellement de choses erronées ici bas.
Exemples ? Les âmes qui voudront se prétendre charitable parleront d'enlever la guerre, d'abolir l'inégalité, la faim dans le monde et les injustices, et des personnes plus sincères et sans doute plus réalistes projetteront de remplacer l'eau des océans par de la vodka.
Et moi ?
Et moi ?

Moi ?
Je ne sais pas. Bonne question. Non. Franchement. Oh. Enfin si. Bien sur. Évidence.
Je les assassinerai. Tous. Oui, tous ces gens, là, vous peut-être, la population ennuyeuse à en mourir, toujours prête à critiquer mais fringuée sans jamais aucune fantaisie. Je mettrai en place une gestapo chargée d'anéantir tout individu trop banal. Et puis, j'interdirai le noir, le blanc, le gris aussi. Ce sera l’hécatombe.
Ou en fait, non, moins totalitaire, mieux que ça, moins meurtrier aussi, autre chose.
Je repeindrai le monde.

Voilà. Je voudrais un pot de peinture géant, des teintes à l'infini, et je serai parée, et je m'en irai,

Je m'en irai par delà l'univers, rue par rue, porte par porte, bataillant avec mon pinceau contre les murs, contre le pavé, contre les animaux, contre vous, PDG dictateur ou SDF, rien, personne ne m'échappera.
Bien entendu, je sortirai toujours victorieuse de ces duels sanguinaires.
Vous aussi, ne vous inquiétez pas, après tout, je ne ferai que vous rendre plus beau. N'est-ce pas ? Imaginez vous. Tout rose. Dans votre maison. Toute rose. Dans votre ville. Toute rose. Et si je suis de bonne humeur, si vous êtes gentils, je laisserai éventuellement quelques touches de violet et bleu indigo.
Oui. C'est ça. Suppliez-moi...
Sauf que ?
Sauf que personne ne m'a proposé de révolutionner quoi que ce soit.
Oh, dur retour à la réalité.
Je ne suis qu'un témoin passif, comme bien d'autres, de la décadence, de la chute de la créativité dans la majorité, au profit d'une banalisation du banal, d'un mépris croissant de ce qui a vocation à l'esthétisme, d'une préférence vers l'uniformisation, totale. Dans cent ans, nos petits enfants seront probablement tous les mêmes clones d'un sois disant "idéal", fusilleront sans préavis la moindre petite différence, et je n'y pourrai rien.
Mais de toute manière, d'ici là, je serai déjà partie, très très loin, très très haut, ou nulle part, c'est selon, donc quelle importance ? Je n'ai pas à m'en préoccuper.
Il n'y a rien que je puisse faire : Je n'ai qu'à attendre, et rêver. Et donc je rêve, je réalise tous mes projets.
Je crée une oeuvre d'art à dimension à la fois moléculaire et planétaire.
Vous n'aviez qu'à me laisser changer le monde.
OUTFIT :
Dungarees : River Island
Sweatshirt : River Island
Sneakers : Diamonds
Photos : Knas