Ça.
Vous ne savez pas ce que c'est.
Vous ne savez pas ce que "Ça" fait là.
En fait, vous n'êtes même pas sur que "Ça" est effectivement là. Est-ce que "Ça" existe ?
Dans le doute, vous n'avez aucune preuve tangible, vous prétendez que non, mais cela ne vous empêche pas de nommer ce "Ça". Vous lui donnez le genre "Elle". Vous en parlez, vous débattez sur ce qu'elle représente, vous lui attribuez une histoire et vous transmettez celle ci à vos descendant.
Est-ce que "Ça" existe ?
"Ça", "Elle", elle ne s'en préoccupe elle-même pas.
Elle ne conçoit rien de l'existence, c'est un terme bien trop complexe, ses implications seraient bien trop effrayantes, voire contradictoires.
"Elle" existe. Si l'on suit votre logique, elle est opposée à la notion de néant, elle n'est pas "rien", elle est quelque chose de singulier, de spécifique.. Mais qu'est-elle dans ce cas ?
Un individu ? Un objet ? Un phénomène ? Une continuité ? Un souffle dans une forêt, un chant d'oiseau, l'oiseau en lui même, une symphonie, une brume de rosée à l'aube d'un jour heureux, une saison, une esquisse, un regard rêveur, un sentiment, une improvisation, une chorégraphie, une matière, une idée ?
La réalité, c'est qu'aucune de ces réponses ne pourra jamais être satisfaisante pour répondre à cette interrogation.
La réalité, c'est que les propositions que vous émettez ne sont que le reflet de votre propre prétention.
Après tout, comment pouvez-vous vous permettre de l'enfermer dans un de ces mots que Vous prononcez, dans une de ces boîtes que Vous avez créées ? Pourquoi cherchez-vous à vous approprier son essence, alors qu'elle ne vous appartient en rien, à lui retirer une liberté qui lui est inaliénable et à la soumettre à vos déterminations ?
La réalité, et je vais vous la dire, elle n'est rien de tout Ça, et elle est tout Ça à la fois.
La réalité, c'est qu'elle n'est même pas si différente du vide. Elle n'évolue pas. Elle ne pense pas. Elle n'avance pas, ne recule pas, mais elle n'est jamais figée. Elle n'est ni charnelle, ni désincarnée. Elle n'est pas indifférente, elle n'est pas heureuse, mais elle n'est jamais triste. En fait, elle ne fait pas de distinction entre tous ces caractérisations. A quoi cela lui servirait-il ? Elle n'en est pas concernée. On pourrait dire qu'elle est "acaractérisable" et ce serait véridique, mais ce terme n'existe lui même pas.
Enfin, la réalité, c'est qu'il n'y en a aucune.
Peut-être qu'après tout, elle ne l’exécute pas, cette action d'exister. Cela indiquerait que ce qu'elle effectue est distinct, que ce "Ça" à elle relève de concepts trop fabuleux, d'abstractions trop sublimes et trop éthérées pour pouvoir appartenir au domaine étriqué de la réalité
Et peut-être qu'alors, après tout, à défaut de pouvoir imposer la moindre conclusion pertinente à ce sujet, vous pourrez simplement choisir d'y croire, ou d'oublier.
"Ça".
Moi, sachez-le, j'en suis convaincue : Moi, les fées, j'y crois.
Le pourquoi du comment :
Et .. c'est parti ! Après un premier essai très ancien et pas forcément valable (comment ça je fuis mes propres articles ?), je démarre ici une nouvelle catégorie "Artwork" dans lequel je posterai :
1 - Les projets photographiques dans lequel le vêtement ne sera pas l'élément principal et ne servira donc pas pour des inspirations de tenues ni pour des présentations de tendances.
2 - Mes propres travaux, notamment des esquisses ou illustrations.
Ici, le projet a été composé par une photographe avec qui je pense vraiment avoir eu la chance de collaborer. Mon profil l'intéressait; elle trouvait que j'avais un faciès "tellement bizarre mais joli" (traduction de l'anglais par moi même), et que "je n'étais définitivement pas humaine". Sur le moment, j'ai pris ça comme un compliment, je n'ai pas cherché plus loin, j'ai posé là où elle me disait de poser (je n'aurai peut être pas dû, m'allonger par terre dans la forêt en petite robe était le moyen parfait pour passer la semaine qui suivit à me déchirer les boutons d'araignées/d'insectes non identifiés) et je l'ai laissée me photographier.
En voici donc l'aboutissement, ou du moins une partie : la suite est à venir !
